Aspirée trop vite !

Description de cette histoire collective : Quelles ont été les grandes étapes d'évolution du Nous ? Les évènements marquants ? Les effets sur les personnes et sur la dynamique de groupe ?

Etre "la petite dernière" dans un groupe qui en est au stade "équipe" n'est pas une mince affaire. Je suis arrivée dans cette organisation avec un enthousiasme certain et une expérience "honorable" en terme de gouvernance partagée qui devait me permettre de m'intégrer assez rapidement à l'organisation. J'avais le trac, mais confiance en moi dans ma capacité à m'adapter. Je crois qu'ils avaient eux-aussi confiance, trop peut-être, à me laisser explorer dans une très grande autonomie mon nouveau rôle, l’organisation, ses partenaires, son historique, ses missions... tout et presque seule. Je crois aussi qu'ils étaient très occupés au moment de mon intégration - tous hyper engagés - pour dérouler le procession d'inclusion habituel. J'ai endossé mon rôle en plein été et j'habitais encore à ce moment-là à 500 km de l'équipe. Il est évident que cela n'a guère aidé. L'organisation dérogeant exceptionnellement à la règle qu'elle s'était jusqu'alors imposée, je n'ai pas eu la chance de traverser chacune des étapes qui aurait pu me permettre de vivre le pseudo-nous, le nous fusionnel, conflictuel... pour arriver en douceur au nous équipe dans lequel évoluait le groupe.

Tant pis pour moi. En bonne "nouvelle", j'ai préféré me taire et faire avec... ou sans plutôt. Comme c'est difficile de se dire dans ses doutes, ses failles, sa vulnérabilité quand on arrive dans un nouveau groupe ! J'avais peur d'être insatisfaisante, pas à la hauteur et surtout je ne voulais pas "déranger"... J'étais aspirée dans ce nous équipe dont je ne connaissais ni les "je", ni les règles du "jeu". Ça tanguait fort en moi et je n'étais pas sûre d'avoir un gilet de sauvetage, mais j'ai choisi de continuer à voguer à leurs côtés et à ne pas lâcher.

Mon rôle avait un impact majeur sur la communication de l'association vers l'extérieur; j'avais une certaine responsabilité, une charge que je ne m'étais pas préparée à porter et peu de personne à qui en parler finalement, chacun·e étant prise dans son rôle et convaincue que tout allait bien pour moi. Je n'ai reçu que de la bienveillance de la part de mes collègues, certainement aveuglés par ma ténacité et les pirouettes que je faisais pour ne rien laisser paraître. J'avais cette idée en tête de ne pas les décevoir qui ne me lâchait pas.

Ça m'a valu de longs moments de remises en question, j'ai perdu momentanément la confiance que j'avais en moi. J'ai transpiré à ne pas tout comprendre, à nouer péniblement des liens relationnels dans le groupe, à courir pour tenter de les rejoindre dans leur efficience et à trébucher souvent.

Au bout d'un an et demi, à l'arrivée de nouvelles recrues, l'organisation s'est rendue compte qu'elle était "passée à côté" de mon intégration. Sans reprendre toutes les étapes, certaines n'étant plus nécessaires avec le temps, j'ai pu enfin être accompagnée. Ça ne pouvait pas revenir sur les difficultés que j'ai rencontrées, mais cela m'a fait du bien. Enfin, l'organisation me reconnaissait et prenait soin de moi.

Finalement, malgré tout, tant mieux pour moi. Cette aventure dans le nous, de par cette inclusion manquée, m'a énormément appris. Avec le temps, à tomber et toujours me relever, j'ai gagné en force, en résilience, en assurance. Le chemin aurait pu être moins difficile, c'est évident, mais je considère que ce parcours m'a offert l'opportunité d'être là où je suis aujourd'hui, à ma place, ancrée et vaillante.

Quelles sont les étapes de la vie des Nous illustrées par cette histoire ?
  • l'équipe
Dans quelle type d'organisation de « Nous » a eu lieu cette histoire ? une association avec des salariés
Qui êtes-vous ? Marion